J’ai raté quelque chose ?
J’ai commencé ma vie de militant à Auch, dans les Comités d’action lycéens. J’ai tracté des journées entières contre la guerre au Vietnam, avec le Front Solidarité Indochine.
Quand je suis arrivé à la fac à Toulouse, j’ai navigué entre trotskisme (tendance Krivine), maoïsme et anarchisme. Le trotskisme posait la question de la prise du pouvoir (je suis allé à Milan assister en 1976 aux débats de la Quatrième internationale). Les « maos-spont’ », comme on disait alors, posaient les questions sociétales : les rapports sociaux de sexe entre les femmes et les hommes, le fait homosexuel etc. Avec eux, le monde était désirant. L’anarchisme interrogeait le pouvoir sous toutes ses formes.
J’ai manifesté des centaines de fois, tantôt pour, tantôt contre : contre les violences faîtes aux femmes et aux enfants, contre les venues de le Pen à Toulouse (à chaque fois, partout les lacrymos), contre l’antisémitisme, le racisme, l’homophobie, contre l’esprit colonial et l’apartheid, contre les centrales nucléaires de Golfech, contre Michel Sardou, contre la psychiatrisation des malades mentaux, contre la violence faîte aux animaux. Pour le droit à la contraception, à l’avortement, pour la défense des services publics, pour la laïcité, pour une retraite digne, pour la grève générale des universités, pour la syndicalisation au sein des armées (afin de permettre à la Grande Muette de l’ouvrir enfin), pour les droits des personnes en situation de handicap, pour la dépénalisation du cannabis, pour la reconnaissance de la langue occitane, pour la gratuité des manifestations culturelles etc. Des centaines de manifestation auxquelles s’ajoutent chaque année, devoir de mémoire oblige, celles du Premier Mai.
J’ai milité au sein des organisations professionnelles : j’ai collé des affiches, écrit des slogans sur les murs, distribué des tracts, signé des pétitions, croisé le fer contre les cons. J’ai tenu des permanences, rédigé des comptes rendus, présidé des assemblées. Sans être un syndicaliste patenté, j’ai tenu le rôle d’un citoyen progressiste, classé à gauche. Et, adepte des thèses de Gramsci sur le pouvoir culturel, j’ai même créé un cours à la fac où j’ai passé l’histoire de l’art au crible du genre. Voilà.
Le dimanche 7 juillet 2024 un parti d’extrême droite est en passe de prendre le pouvoir en France.
J’ai raté quelque chose ?